La femme juive

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la femme juive
CRÉATION 2019

Allemagne, 1935. Les lois raciales, dites de Nuremberg, qui interdisent entre autres les mariages entre Juifs et aryens, viennent d’être promulguées. Judith Keith, juive mariée à un médecin-chef aryen, se prépare à fuir en Hollande. Elle met ses affaires en ordre, passe des coups de fil, prépare ce qu’elle va dire à son mari, avant que n’entre ce dernier. La scène de Brecht, composée d’un monologue et d’un très court dialogue entre Judith Keith et son mari, raconte combien le politique fait irruption dans la vie quotidienne, dans les relations intimes, dans les sentiments. Tout ce qui se dit seule peine à se dire à deux. « Au fond, c’est juste quelques semaines ». Le couple maintient l’illusion que la situation est transitoire, les adieux déchirants de Judith ont lieu avant que son mari n’entre. Au moment de l’écriture du texte, Brecht est lui-même en exil, parvient à partir aux Etats Unis, tandis que Margarete Steffin, sa secrétaire et co-autrice du texte, ne réussit pas à quitter l’Europe et meurt en Finlande en 1940. 

La petite forme fait entendre trois fois la scène, tout en créant une continuité- celui qui reste est amené à partir en exil à son tour. La première forme, dramatique, travaille selon les codes classiques du théâtre et du cinéma hollywoodien- on est dans l’appartement du Judith Keith, avec un système de quatrième mur, Judith et Fritz sont habillés comme dans les années 30, et les comédiens travaillent sur un jeu naturaliste et très émotionnel, provoquant l’identification du spectateur. Puis Judith part, Fritz reste seul et devient Jacob, qui est amené lui aussi à partir, et à le dire à sa femme, Eva. Dans cette deuxième forme, qui reprend les principes théâtraux de Brecht, la frontière entre l’acteur et le personnage est plus floue, on est dans un contexte très contemporain qui va de Bolsonaro à Viktor Orban. Les acteurs s’adressent directement au public, prennent les spectateurs à partie, travaillent sur des ruptures de jeu, avec un humour qui passe brusquement au tragique. Dans la troisième forme, la voix d’Eva/Judith restée seule entrecroise le souvenir de Fritz/Jacob dans une logique musicale d’oratorio pour finir sur une scène très proche du spectateur, laissant entendre l’intense actualité des problématiques d’exil et de discrimination.

Anne Monfort

PRODUCTION
Production  day-for-night
Commande de Côté cour pour le dispositif “Lycéens et apprentis au spectacle vivant”
 La compagnie day-for-night est conventionnée par la DRAC Bourgogne Franche-Comté et par la Région Bourgogne-Franche-Comté et soutenue dans ses projets par le département du Doubs et la Ville de Besançon. La compagnie day-for-night est en compagnonnage DGCA avec Julia Dreyfus.

© day-for-night

DISTRIBUTION
D’après Grand-peur et misère du IIIe Reich de Bertolt Brecht et Margarete Steffin
Mise en scène Anne Monfort
assistée de Julia Dreyfus

Avec Julien Jobert et Léa Masson
Production Coralie Basset
et Nancy Abalo

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