la compagnie

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la compagnie day-for-night

Ça quitte les livres et ça vient dans le corps – Mathieu Riboulet

La compagnie day-for-night a été créée en 2000 en Île de France, et s’est installée en Franche-Comté en 2007. Elle est dirigée par la metteure en scène Anne Monfort et cherche des formes qui allient le visuel et le textuel, la fiction et le documentaire, la précision du jeu de l’acteur et une dramaturgie approfondie. Inspirés par le Nouveau Roman et la Nouvelle Vague, les spectacles de la compagnie créent des indices qui permettent de constituer une fiction sans la suivre de bout en bout, des états de présence particuliers, des coexistences d’éléments textuels fragmentaires et parfois contradictoires. Le théâtre y est considéré comme le lieu qui permet à la fois d’organiser une pensée et le lieu du choc esthétique, le lieu qui articule l’intime et le politique.

Morgane Poulette – création 2017 © Patrice Forsans

Les premiers spectacles de la compagnie (Dieu est un DJ en 2002, Tout. En une nuit. en 2005 puis Sous la glace en 2007 et Nothing hurts en 2008)  se créent à partir de textes de l’auteur allemand Falk Richter, dont Anne Monfort est aussi la traductrice. Parallèlement à ce long compagnonnage avec Richter, elle a créé des montages de textes, ainsi que sur des formes proches de la performance. Elle a aussi travaillé sur des spectacles in situ, comme Next Door (2009), qui investissait des appartements vides avant leur prochaine location, ou pour des dispositifs spécifiques comme Les fantômes  ne pleurent pas (2012), où les spectateurs n’assistent pas au même spectacle selon le côté où ils sont placés. Au cours de ces travaux, s’est développée une direction d’acteurs précise, travaillant selon un système de montage cinématographique, où l’acteurice porte le changement de la forme – c’est le changement de code de jeu qui fait passer l’ensemble du spectacle du documentaire à la fiction, du politique au poétique. Ce travail s’est poursuivi notamment par la collaboration de la metteure en scène avec des comédiens fidèles, en affinant un travail précis sur la prosodie, avec des ruptures et des changements de registre qui font basculer le spectacle dans un autre genre.  C’était le cas de Black house (2014), Temps universel +1 de Roland Schimmelpfennig (2015), Morgane Poulette (2017).

 La compagnie s’est aussi associée à l’auteure Sonia Willi, afin de mettre en place une collaboration approfondie entre écriture textuelle et écriture de plateau et avec elle a créé, en mars 2012 à la Halle aux Grains-Scène nationale de Blois, Quelqu’un dehors moi nulle part, ainsi que la petite forme EXIT en 2013 pour le festival 360 à Montreuil. En 2014, elle a retrouvé Falk Richter pour Et si je te le disais, cela ne changerait rien, un travail autour d’inédits à partir de ses journaux.  Elle a ensuite passé commande à Mickael de Oliveira, auteur portugais, et Ulrike Syha, autrice allemande, de No(s) révolution(s), travail pour lequel une historienne les a rejoints. La compagnie day-for-night a été en compagnonnage avec l’auteur Thibault Fayner, dont elle a créé Morgane Poulette, et qui travaille à une nouvelle pièce.

Travailler sur des matériaux littéraires, et notamment sur des romans est un travail que la compagnie mène sur le long terme. Depuis son installation en Franche-Comté, day-for-night a collaboré avec l’Agence Livre et Lecture pour des lectures scéniques et rencontré ainsi de nombreux auteurs. 

Dans Perséphone 2014 d’après Gwenaëlle Aubry (2016),  Désobéir- Le monde était dans cet ordre à quand nous l’avons trouvé, d’après Mathieu Riboulet (2018), et Pas pleurer d’après Lydie Salvayre (2019), les romans ont nourri le texte du spectacle mais aussi sa dimension scénique, mêlant matériaux littéraires, textuels et autres éléments en résonance.

Nostalgie 2175 – création 2022 © Christophe Raynaud de Lage

Les derniers spectacles questionnent également le dialogue entre les langues et le rapport à l’histoire. No(s) révolution(s), créée avec deux acteurs français, une actrice allemande, une actrice portugaise, s’est jouée et diffusée dans les trois pays en 2016, avec un travail sur les langues qui se modifiait d’un pays à l’autre. Morgane Poulette mêle le français et l’anglais dans leur musicalité comme dans le sujet qui traite la ville de Londres comme un territoire de fiction. Pas pleurer mêle le catalan, le castillan et le français. Désobéir-Le monde était dans cet ordre-là quand nous l’avons trouvé traite aussi de l’échec d’une certaine construction européenne, entre les années 70 et aujourd’hui, cherche « un peu de politique entre ». La méduse démocratique (2018) met en scène la figure de Robespierre venant échanger avec les spectateurs sur la situation politique actuelle. Nostalgie 2175  d’Anja Hilling (2022) fait en quelque sorte l’exercice inverse, en regardant l’histoire par le futur.

Ces travaux précis sur les textes s’accompagnent d’une recherche alliant mots et musique, afin de créer un rapport sensible au spectateur. D’où les collaborations régulières d’Anne Monfort avec des compositeurices comme Loïc Guénin et Núria Gimenez Comas. La compagnie approfondit aussi la précision du travail des acteurs par des projets de recherche comme Opération Caravage et Fantasticalité, hors des contraintes de production, auxquels la compagnie dédie des temps précis. 

La compagnie a également des partenariats avec les écoles supérieures (ESAD, CNSAD, TNS), la formation de jeunes acteurs étant un angle qui intéresse particulièrement la metteure en scène Anne Monfort. En 2019, Anne Monfort et Thibault Fayner ont créé le spectacle de sortie des élèves de l’EDT 91, Les médaillons. En 2021, Anne Monfort met en scène le spectacle de sortie des élèves du CNSAD, à partir de Nulle part, texte inédit de Kouam Tawa. De façon plus générale, le soutien aux jeunes compagnies est important  pour la compagnie, celle-ci accompagne par conséquent, sous forme de compagnonnage ou de marrainage, de jeunes équipes. 

Nulle part de Kouam Tawa, mis en scène par Anne Monfort avec la promotion 2021 du CNSAD © Christophe Raynaud de Lage

day-for-night est conventionnée par la DRAC Bourgogne Franche-Comté et par la Région Bourgogne-Franche-Comté. La compagnie est soutenue dans ses projets par le Conseil départemental du Doubs et la Ville de Besançon.

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