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international
Plus que jamais en 2024, la compagnie day-for-night se sent proche de l’expression d’Edouard Glissant, le tout-monde, avec toutes les questions actuelles que pose cette expression – la transitivité des récits et la représentation – qui peut jouer quoi, qui a le droit de porter quel récit, comment travailler ensemble au partage des mémoires, comment faire voyager les récits d’un espace à l’autre ? La compagnie revendique la rencontre entre les êtres, le travail en précision avec des interprètes venus de différents horizons, la juste représentation artistique et politique du monde, comme clés pour vivre l’avenir avec la conscience de notre histoire.
Les créations mises en scène par Anne Monfort sont marquées par ce positionnement :
No(s) révolution(s) en 2015-2016 réunissait déjà une autrice allemande et un auteur portugais, des acteurs français, allemand, portugais ; le spectacle s’est joué dans les trois pays, avec une variation sur les langues suivant le pays où le spectacle était accueilli. Anne Monfort a eu aussi l’occasion de traduire et jouer la performance Tout coule à l’Institut français de Brême sous le titre Alles fliesst. Pas pleurer, d’après Lydie Salvayre, s’est créé à Barcelone puis en France en 2019, avec une actrice française et un acteur catalan, en français, castillan et catalan. Anne Monfort a également accompagné Nuria Gimenez Comas pour le livret de Shadows au Liceu- Opéra de Barcelone, d’après Jelinek. En 2024, a été créé une version bilingue français-allemand du Quart d’heure américain, rendant ainsi le spectacle accessible aux classes de français en Allemagne.
Dans ces différentes expériences, il s’agit de travailler à la fois sur les musicalités des langues et sur la précision du sens, en cherchant à faire passer ces nuances en premier lieu par le jeu.
Représentation du Quart d’heure américain à Mayence, en collaboration avec la Haus Burgund et le Staatstheater Mainz
La compagnie mène aussi des actions de formation à l’international : dans le cadre du programme Accès Culture de l’Institut français en partenariat avec la compagnie Feugham (Cameroun) de 2023 à 2026. Lors de workshops au Queen’s College à Oxford (Royaume-Uni) en 2023 ou à la Manufacture de Lausanne en 2025 (Suisse).
L’importante expérience de How far, entre deux continents et quatre pays (France, Guinée, Cameroun, Nigeria), a affûté et aiguisé l’endroit de recherche de la compagnie. How far a inventé son mode de création et de production, pour être au plus juste éthiquement et artistiquement : de nouveaux acteurs étaient intégrés à chaque re-création, une attention précise a été portée aux questions écoresponsables, en particulier dans la scénographie et la circulation internationale sur le temps long, favorisant de vraies rencontres de travail. Le texte existe dans deux versions : l’une majoritairement francophone qui intègre des partitions en anglais, la seconde dans une version majoritairement anglophone, intégrant des partitions en français.
Représentation d’How far à Abuja, en collaboration avec le Arojah Royal Theater of Abuja, le Abuja International Theatre Festival, l’Institut français du Nigéria & le Monthly Art Club (MAC) | ©IF Nigéria
La compagnie s’inscrit également dans les réseaux de la francophonie, en Afrique de l’Ouest, en Suisse, mais aussi en lien avec le Québec : en effet, Anne Monfort a accompagné les auteurs québécois pour l’association guadeloupéenne Textes en Paroles, qui porte le Jamais Lu Caraïbes, en lien avec le Jamais Lu Montréal.
Elle travaille aussi dans des réseaux anglophones et germanophones – Anne Monfort étant bilingue en allemand et parlant anglais.
La compagnie a le désir de poursuivre et développer ces différents axes de travail à l’échelle internationale : avec des groupes, des ensembles, des troupes, ou des promotions de chanteurs ou d’acteurs.